NOTES
Nouveau dictionnaire historique... de Chaudon et Delandine:
« II. PTOLEMEE-PHIILADELPHE, fils du précédent, succéda l'an 285 avant J. C. à son père, qui de son vivant, l'avoit déjà associé à l'empire. Il fut surnommé Philadelphe, amateur de ses frères, par antiphrase, parce qu'il en avoit fait mourir deux. Ptolémée chercha l'amitié des Romains, qui lui envoyèrent des ambassadeurs pour conclure un traité d'alliance. Il distribua à chacun des députés une couronne d'or; ils en ornèrent ses statues.[...] Son goût dominant étoit pour les sciences et pour les arts: le mérite en tout genre eut part à ses bienfaits. Il avoit à sa cour plusieurs savans et plusieurs poètes illustres, tels que Euclide (Voyez ce mot), Lycophron, Callimaque, Théocrite. Ce prince enrichit la bibliothèque d'Alexandrie, formée par son père, des livres les plus rares et les plus curieux qu'il put trouver dans toutes les parties du monde connu. Lorsqu'il mourut, elle étoit composée de 200,000 volumes, et ses successeurs l'augmentèrent jusqu'au nombre de 700,000. On dit que ce fut sous ce Ptolémée que fut faite la version grecque des livres de l'Ancien Testament, connue sous le nom de Version des Septante. Ce roi écrivit, à ce que prétendent quelques historiens Grecs, au grand-prêtre Eléazar, pour le prier de lui envoyer le livre de la Loi, avec des Traducteurs capables de le rendre d'hébreu en grec. Eléazar, sensible à la générosité du roi, fit partir aussi tôt six Anciens de chaque Tribu, qui, après 72 jours de travail, terminèrent cet ouvrage. Ptolémée témoigna sa satisfaction aux Interprètes, et les renvoya en Judée avec les plus riches présens pour eux, pour le grand-prêtre et pour le Temple. C'est là ce qu'on appelle la Version des Septante. L'auteur de ce récit, qui porte le faux nom d'Aristée, est un Juif Helléniste, qui écrivoit longtemps après le règne de Ptolémée, où l'on suppose qu'a été faite la Version des Septante, et qui, pour mieux déguiser sa fable, avoit emprunté le nom d'Aristée, prétendu garde de Ptolémée. Tout ce qu'il y a de vrai dans cette histoire romanesque, c'est que, du temps de Ptolémée Philadelphe, il se fit une Traduction grecque des livres de Moyse à l'usage des synagogues d'Egypte, dont les Juifs n'entendoient plus la langue sainte; mais on ne sait précisement ni le temps où elle fut faite, ni le nom des auteurs. »
Noter que Chaudon et Delandine disent « ses successeurs l'augmentèrent jusqu'au nombre de 700000 » et Hugo: « Au sixième siècle, elle atteignit, dit-on, le chiffre incroyable de 700000 manuscrits ». Ce détail importe dans la controverse sur la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie, puisque la thèse des défenseurs d'Omar repose essentiellement sur l'idée que, déjà plusieurs fois ravagée, la bibliothèque d'Alexandrie n'était plus rien ou pas grand chose lorsque la ville fut prise par les Arabes.